Dans le domaine privé, la séparation est devenue monnaie courante quand les personnes ne s’entendent plus, avec la généralisation du divorce. Dans le cas des actionnaires, les choses ne sont pas si simples, du moins en apparence. En effet, comme je le constate régulièrement, même si les divergences entre actionnaires sont importantes, et se traduisent parfois par un blocage total des décisions dans l’entreprise, voire des conflits ouverts menant à une véritable paralysie, les séparations entre actionnaires sont complexes et peuvent conduire à différentes situations :
–    les actionnaires sont très attachés à l’entreprise qu’ils ont créée et ne peuvent s’imaginer la quitter. Si chacun partage cette vision, la situation peut rester bloquer longtemps, malgré l’usure et l’amertume qui découle de ce blocage. C’est un peu comme une maison à laquelle chacun s’est tellement attaché qu’il ne peut imaginer vivre sans…
–    Les actionnaires, qui sont par ailleurs opérationnels dans l’entreprise, attendent que l’autre ou les autres actionnaires « craquent » et provoquent la discussion pour envisager une sortie. Si chacun partage cette croyance et que personne ne prend l’initiative, le statu quo peut durer longtemps !
–    Les actionnaires, conscients des conséquences négatives voire désastreuses de leur mésentente, sont prêts à envisager une séparation, mais ne savent pas quelle voie privilégier, ni quelle stratégie employer. Dans ce cas, les perspectives d’un accord peuvent s’entrevoir, même si le chemin pour y parvenir peut être long et semé d’embûches !

Un constat s’impose : la destruction de valeur provoquée par une mésentente voire un conflit actionnarial est souvent importante, même si personne n’ose l’évaluer. Dans certains cas, elle peut conduire à la faillite de l’entreprise si elle n’est pas traitée.
A l’inverse, un conflit dont les parties prenantes sont déterminées à trouver des solutions peut ouvrir de nouvelles perspectives tant pour les parties en jeu que pour l’entreprise concernée.

Quelles sont les pistes qui peuvent être explorées :

–    la médiation entre actionnaire est souvent un préalable à l’entrée en négociation, mais elle permet aussi parfois de déboucher sur des solutions où les actionnaires poursuivent leur histoire commune, mais sur d’autres bases, avec un partage des responsabilités nouveau.
–    l’ouverture de négociations visant à faire évoluer le capital de la structure, et notamment la vente de l’ensemble de la société, le rachat par l’un des actionnaires de la participation de l’autre, l’entrée d’un autre actionnaire ou d’un fonds d’investissement pour reclasser la participation de l’un ou l’autre
–    la séparation des activités de la société en deux branches, quand la société le permet, chacun ayant des prérogatives claires dans la filiale où il va exercer son pouvoir et son management
–    la dissolution de la société par voie amiable ou judiciaire quand l’activité et la taille de la société le permet.

Ces questions me passionnent, car elles touchent au cœur de la vie de l’entreprise, qui bat au rythme de celui de ses actionnaires et de ses dirigeants. Quand elles sont adressées suffisamment tôt, elles permettent souvent de trouver des solutions satisfaisantes et innovantes, offrant la possibilité aux parties prenantes de poursuivre leur route sur des bases constructives. Différents cas que j’ai eu à traiter avec mes associés l’ont prouvé.
Si vous avez vous-mêmes vécu des cas de séparations d’actionnaires réussies, merci de partager vos témoignages !