Aujourd’hui l’impact est partout ! Pas une semaine sans qu’un nouveau fonds soit créé autour de la thématique de l’impact. Chacun rivalisant de montants toujours plus importants à consacrer aux entreprises pouvant à la fois « changer le monde et générer de la performance financière ». On pourrait croire que le succès, voire le salut de la levée de fonds de private equity repose désormais sur cette nouvelle dimension.

Mais l’impact, c’est quoi au juste ?

A l’initiative de Raise Impact, j’ai eu la chance de participer à une table ronde sur cette thématique et ses conséquences en fusion-acquisition. Après l’introduction de Gonzague de Blignières co-fondateur avec Clara Gaymard de Raise, nous étions réunis avec Guillaume Dary d’Adviso aux côtés d’Aglaé Touchard-le Drian, Serge Bedrossian, Eric Coisne de Raise Impact, dans un débat animé par Thomas Blard, d’Avolta Partner.

Revenons un instant sur les définitions. On parle à la fois d’ESG et d’impact, avec un risque de confusion. L’ESG recouvre 3 critères dans une analyse multifactorielle :

A l’extrême, la prise en compte de critères ESG n’empêche pas nécessairement l’investissement dans une société ou un pays du fait d’une activité « indésirable », car elle n’incorpore pas l’intentionnalité.

Un investissement à impact est un investissement dont l’intention est de générer un impact social et environnemental qui soit positif et mesurable au-delà d’un retour financier.

Les trois dimensions constitutives

Trois dimensions sont donc nécessaires pour satisfaire aux exigences de l’impact Investing: l’intentionnalité, la mesure et l’additionnalité.

                                                                                                                                                                                                                               (source Raise Impact

Tout le monde peut-il prétendre avoir de l’impact ?

L’air du temps pousse à une prise de conscience accélérée et salutaire du « Bien » et du « Bon » dans l’entreprise et la finance. Le « Good » est à la mode, avec le risque de « ringardiser » toutes les entreprises qui ne communiquent pas explicitement sur cette notion. On peut distinguer dans un premier temps les entreprises « Impact Native », dont le business model originel est structuré autour de l’impact. Dans un deuxième temps celles qui font de l’impact à la manière de Monsieur Jourdain avec un désir authentique de transformation… Entre ces deux pôles, toutes les nuances de « Good » existent. Il convient donc de procéder à un tri sélectif, pour être en capacité à mesurer avec plus de précision la transformation en cours et ses conséquences économiques à court et moyen terme.  En tant que conseil, nous aidons les entreprises que nous accompagnons à expliciter leur impact au sens large. Nous le faisons de manière authentique en prenant en compte leur histoire et leur modèle de développement. Cela passe par une analyse extra-financière de leur singularité, que nous réalisons notamment au travers de notre méthodologie VRC.

Cette pratique est-elle créatrice de valeur dans les opérations financières ?

L’attractivité des entreprises « impact native » repose sur leur capacité démontrée à conjuguer impact et profitabilité. La compétition entre fonds d’investissement pour accompagner la croissance de ces sociétés tend à faire monter les prix dans un contexte de rareté de cibles. L’impact peut donc impacter favorablement la valeur de ces entreprises !

Les modèles de rentabilité ne sont pas identiques selon les secteurs concernés. La transition vers une économie plus verte, moins polluante, plus inclusive, nécessite parfois des soutiens spécifiques (incitations fiscales, subventions…). Ces derniers viennent  brouiller l’analyse de leur rentabilité intrinsèque. Toutefois, l’investissement à impact a un objectif de rentabilité avéré et ne saurait être confondu avec la philanthropie !

L’impact ne rime pas avec rentabilité financière dégradée. En revanche, il nécessite souvent la prise en compte d’une temporalité plus longue. C’est souvent le cas quand il concerne la mue d’entreprises anciennes. En effet, il faut savoir se donner du temps pour fonder des relais de croissance pérennes des entreprises en transformation vers plus d’impact… Et savoir s’abstraire d’une obsession du court terme. La pression du TRI immédiat et des marchés financiers avides de performances à tous prix peuvent s’avérer « impact-incompatibles ».

Du rêve à la bonne nouvelle

La pression de l’impact est une bonne nouvelle dont la résonance a été accentuée par la crise sanitaire.  Nouvelles générations, associations patronales, syndicats, politiques s’emparent de l’impact. Le risque encouru est une certaine cacophonie, mais qu’importe. On attend des entreprises qu’elles se saisissent de leur responsabilité globale sur la société et leur environnement. La puissance d’attraction des sociétés qui affichent qu’elles veulent changer le monde en bien et y contribuent effectivement est énorme. A l’inverse le désamour dont sont victimes celles qui veulent sauver leur peau avec leur ancien modèle est parfois abyssal… Il reste donc à engager la conversion pour redonner du « glamour » à ce qui en a perdu… Sans effet de paillettes éphémères, mais avec du fond