La question peut choquer et pourtant c’est celle que pose Jean-Bernard Schmidt dans le journal les Echos, du 2 mars, en tant qu’ancien président de Sofinnova Partners et ancien président de l’association européenne du capital-investissement. La lecture de cet article m’invite à réagir car tant son fil directeur que sa conclusion me semblent appeler quelques commentaires.
Les Effets Ambivalents des LBO
Tout d’abord, nul ne peut nier que certaines opérations de LBO, financièrement trop audacieuses, avec des effets de leviers que certains qualifieront de « sportifs » voire « périlleux », ont pu laisser des traces préjudiciables tant pour les entreprises concernées, en mettant en péril leur équilibre comptable voire leur survie, et pour les acteurs du capital investissement, qui auront perdu des plumes à l’occasion, des pourvoyeurs de fonds, et des espérances de rendement…
Une Vision Réductrice du LBO
Toutefois, conclure que « le retour des LBO est une mauvaise nouvelle pour l’entreprise », car ces opérations financières maximisent le profit de l’actionnaire au détriment de l’intérêt de l’entreprise, est un raccourci pour le moins audacieux et qui ne saurait couvrir l’ensemble de la réalité de ce marché.
La Nuance Nécessaire dans l’Analyse des LBO
En effet, peut-on mettre tous les LBO dans le même sac à jeter aux orties ? Permettez-moi de penser que non. Certes, nous assistons aujourd’hui à un retour des LBO, et notamment de certains LBO secondaires, tertiaires, quaternaires… au cours de processus particulièrement bien orchestré entre fonds d’investissement qui se re-cèdent entre eux les « bonnes affaires » à des prix souvent élevés.
Créateurs de Valeur et de Croissance
Si les LBO ont fonctionné et se succèdent, c’est qu’ils ont été créateurs de valeur actionnariale et entrepreneuriale au sens large. Si les entreprises sont candidates aux LBO successifs, c’est que leur santé financière leur permet de supporter le remboursement d’une dette et le financement de leur croissance, sans laquelle la dette ne peut être remboursée (c’est mathématique…), grâce aux cash-flows qu’elle génère par son activité.
Un Marché Complémentaire au Marché Boursier
Pour autant, ce marché a permis, sur les quinze dernières années de créer des fleurons français et européens sur leurs marchés, en opérant un mariage souvent réussi entre LBO et « Build-up », c’est-à-dire la croissance par acquisition. Les fonds jouent alors pleinement leur rôle d’accompagnateurs du développement des entreprises.
LBO et Transmission de PME
Plus généralement, affirmer que le LBO n’est pas au service de l’entreprise, c’est oublier que de nombreuses opérations de transmission de PME ne pourraient avoir lieu sans recours à ces montages. En effet, de nombreux dirigeants de PME familiales choisissent aujourd’hui l’option du montage LBO pour orchestrer la passation de leurs actions et de leur pouvoir au profit de nouvelles générations d’actionnaires (familiaux ou non), de managers internes ou externes à l’entreprise, les fonds d’investissements venant en appui des repreneurs pour financer l’acquisition partielle ou totale du capital.
Une Solution Entrepreneuriale Valable
Si le LBO n’a pas toutes les vertus, notamment quand ses mécanismes d’effet de levier sont poussés à l’extrême avec pour corollaire de mettre l’entreprise et ses actionnaires en risque majeur, il reste une solution à part entière pour tous ceux qui cherchent soit à céder leur entreprise, soit à en acheter une avec des moyens financiers limités au départ.