Sur le front du Covid, le brouillard persiste en ce début d’année. Les uns après les autres, les pays durcissent les mesures sanitaires entre couvre-feu, reconfinement partiel ou total, contrôle aux frontières et poursuite des aides à l’économie. Quel bilan pour les fusions-acquisitions ?
Un bilan 2020 des fusions-acquisitions globalement positif.
Paradoxalement, le bilan 2020 des fusions-acquisitions est plutôt bon. Le volume d’opérations est en recul de seulement 6,6% au niveau mondial par rapport à 2019 selon Merger Market. Les rachats et ventes d’entreprises dans le monde ont totalisé 3 200 milliards de dollars (2 600 milliards d’euros), dont 2 200 milliards réalisés entre juillet et décembre. L’Europe s’est même illustrée par une activité en croissance de 5,6%…
Les « méga deals » ont permis de soutenir une activité marquée par des phases très contrastées au cours de cette année d’exception. La technologie, les médias, les télécoms ou encore l’énergie et la santé ont été les grands gagnants de cette année. L’effet rattrapage sur le second semestre est très net pour tous les secteurs, après un quasi-arrêt au second trimestre dans une planète confinée… A météo changeante, nécessité de s’adapter pour amortir les chocs de températures.
Imprévisibilité, allongement des process et activistes au menu des fusions-acquisitions 2021.
Certains ont profité de la crise pour réviser à la baisse les prix de transactions engagées avant mars 2020. Ils ont ainsi réussi à finaliser des acquisitions à meilleur compte, sous pression financière et de délais. D’autres ont joué des clauses de « force majeure » et imprévision pour annuler ou revoir de fonds en comble des opérations. La tendance à la judiciarisation du métier s’accentue sur fonds d’incertitude. D’autres encore ont révélé leurs tempéraments activistes pour bousculer les actionnaires et dirigeants de sociétés cotées. Provoquer le changement de gouvernance et la réalisation d’opérations capitalistiques à l’arrêt est devenu un sport international !
L’étirement possibles des délais, la tension « juridique » des process et l’activisme ne disparaitront pas en 2021, bien au contraire. Les crises s’accompagnent toujours d’une tendance à la règlementation accrue et à la recherche de protection et garanties qui font cruellement défaut dans la conjoncture actuelle. La valse des hésitations qui nourrit notre actualité impose une forte variation des rythmes transactionnels. La radicalisation des positions et les coups de force sont souvent perçus comme la voie de salut quand l’incertitude règne. Savoir raison garder sera important, tout en conservant le précieux momentum dans les sables mouvants de l’actualité.
Des fondamentaux sectoriels solides et une dynamique de marché positive.
Les drivers de croissance du marché restent solides. Les deux principaux étant la consolidation industrielle et la reprise tant espérée de la consommation mondiale.
« Fabriquer des champions nationaux », relocaliser les chaines de valeurs, acquérir des technologies, accélérer les transformations, restent pleinement d’actualité. La consolidation de certains secteurs fait figure de principal moteur de croissance du marché des fusions-acquisitions en 2021.
La reprise de la consommation attendue dans tous les pays est aussi un facteur favorable à une reprise des transactions. Pour accompagner la croissance, il faut souvent combiner les moteurs organiques et externes. Si les opérations transfrontalières ont été moins soutenues en 2020, elles pourraient aussi reprendre des couleurs… Sauf si les tentations protectionnistes érigent plus de barrières à la mondialisation. L’approche amicale du Canadien « Couche-tard » sur le français « Carrefour » n’a pas résisté aux fourches caudines de Bercy… Vigilance s’impose donc !
Plus d’Impact et …de restructuring.
La nouvelle année sonne l’entrée en fanfare de l’impact ! La thématique n’est fort heureusement pas nouvelle. La crise a eu le mérite de mettre sur le devant de la scène l’importance dirimante des préoccupations environnementales, sociétales et de gouvernance. « Mieux croître » fait plus de sens que « croître à tout prix » et on ne peut que s’en réjouir.
Chaque semaine, de nouveaux fonds « impact » annoncent leur naissance. Cette multitude d’intervenants en capital est une bonne nouvelle pour toutes les sociétés. Elle l’est pour celles qui ont depuis longtemps mis l’impact au cœur de leur stratégie et toutes celles qui veulent se transformer et auront besoin de soutien financier pour y parvenir.
Si l’impact est prospère, d’autres entreprises auront un urgent besoin de renforcer leurs fonds propres. Le rééquilibrage des bilans sera nécessaire pour renaitre post crise. La cession d’actifs non stratégiques et l’engagement de plans de restructuration drastiques font partie des solutions.
Un paradoxe de l’année 2020 réside dans la diminution historique du nombre de faillites. Les entreprises en difficulté ont été massivement soutenues par les états et les banques appelées à leur chevet. Or, le respirateur artificiel finira par être débranché avec des conséquences dramatiques pour certaines sociétés si elles ne l’anticipent pas. Se préparer pour éviter le pire en ouvrant son capital, choisir la voie d’un adossement industriel sont autant de modalités à explorer en temps difficiles. Restructuration ne rime pas forcément avec malédiction !
L’année sera riche en rebondissements, on peut en être certain … Soyons donc bien préparés, agiles et créatifs pour la traverser au mieux et en sortir grandi.