En allant voir AVATAR, ce conte moral du XXIème siècle, je me suis trouvée replongée dans mon métier !  Ce film raconte l’histoire d’une conquête par les Humains d’une planète située à des années lumières de la Terre, dont les habitants sont radicalement différents des terriens, dont l’atmosphère, les valeurs, les rites, sont spécifiques, et dont les richesses sont convoitées. L’ambition des hommes est donc de conquérir ces ressources. Au départ, les hommes font des tentatives d’approches amiables, en élaborant un Avatar pour faciliter la rencontre et la communication. Mais face au refus des Navi’s de coopérer selon le mode défini par les humains, ces derniers décident d’employer des méthodes guerrières. Les conséquences sont désastreuses, et finalement les humains repartent bredouilles, à l’exception du héros et de quelques rescapés qui trouvent refuge sur la planète Pandora.
Ce scénario  très résumé est finalement assez proche de ce qui se passe parfois dans le monde des fusions-acquisitions. Quand j’accompagne mes clients sur un projet d’acquisition, j’insiste énormément sur la compatibilité des valeurs et le partage d’une culture commune qui fondent le succès d’une opération. Les statistiques et les études en la matière ne manquent pas : 2/3 des fusions-acquisitions sont destructrices de valeurs, ce qui s’explique notamment par des différences de conceptions du projet, de culture d’entreprise se révélant difficilement compatibles. Aller à la rencontre de l’entreprise que l’on convoite, en s’intéressant à ce qui définit son caractère, sa spécificité, à ce qui constitue son ADN est primordial.
Le mode opératoire est aussi important. Lancer une OPA hostile, à la manière des humains sur Pandora peut se terminer douloureusemet, rendant difficile la fusion des entités visées.  Les conquérants, pour faire face à la résistance de la cible sont souvent conduits à augmenter leur prix, comme le montre la dernière OPA hostile en date de KRAFT FOODS sur CADBURY, pour emporter l’adhésion des actionnaires. Au-delà de l’aspect financier, ces opérations ont souvent des conséquences humaines difficiles à chiffrer, qui pèsent durablement sur l’entreprise et ont souvent une traduction comptable : raidissement des comportements internes, résistances fortes au changement, lenteur dans l’exécution des décisions, plans sociaux longs et difficiles à négocier… Avant d’envisager une  opération de croissance externe, je conseille toujours de prendre en compte les dimensions humaines et culturelles avant d’agir, et d’évaluer en amont les réactions éventuelles selon les approches envisagées, en privilégiant toujours la voie de la concertation. Notamment, nous travaillons sur les valeurs de l’entreprise avant d’engager une opérations financière, pour que les valeurs puissent créer de la valeur… Avez vous une expérience similaire dans ce domaine?